La Voix, un accès à la conscience de l’Être

 

 

La Voix, cet instrument si riche et si personnel, qui nous offre la parole. Notre voix qui nous permet de nous relier en société… Et pourquoi pas à plus grand?

 

Quelques extraits, et juste après, l’interview pour découvrir tout ce que peux contenir la voix:

 

“En vérité, avec toi, j’ai découvert tellement plus de choses que le yoga du son.” Olivier Demouth

“Comme s’il y avait cette possibilité [avec la voix] de passer à travers. Passer à travers la conscience ordinaire, passer à travers l’habituel, comme si quelque chose de plus essentiel passait.” Denis Fargeot

“C’est quand je connecte les états de grâce, que je réalise plus qui je suis que quand je suis dans les autres états de conscience. Ce sont les vrais repères.” Denis Fargeot

“Tout de suite tu peux, quand tu commences à chanter des voyelles, accéder à cette conscience intérieure et à cette ouverture. Potentiellement même à des états d’extase ou d’ouverture qui sont très très importants !” Olivier Demouth

“Le CD la voix tibétaine, c’est en fait ma découverte personnelle avec le yoga du son. […] Elle m’a fait écouter le CD, j’ai eu l’impression d’être foudroyé.” Olivier Demouth

“Et moi je vais estimer que la guérison la plus profonde va se situer dans le lien avec l’âme. Dans le fait de rejoindre la vibration de l’âme.” Denis Fargeot

“Il y a des espèces de brouillage, des voiles, des conditionnements, des jugements de toutes sortes qui se qui se mettent sur notre vibration essentielle, qui recouvrent ça. Je crois que tous les êtres sont pas si loin que ça de leur véritable dimension, mais qu’ils ont besoin de trouver leur propre accès. Du coup le son, associé à l’intention, peut être super efficace.” Denis Fargeot

“Si je suis plus moi, je suis qui ? Il reste qui ? J’ai un peu peur de me perdre là-dedans, dans cette espèce de dilatation de la conscience.” Olivier Demouth

 

Interview donné par Olivier Demouth “Voix de l’âme, voie de l’Être – Sommet des Sons Guérisseurs 2023”

 

 

Retranscription de la vidéo et liens vers des pages pour approfondir l’interview:

 

Olivier : Allez bonjour à tous bienvenue à nouveau sur ce sommet des son guérisseurs on est ravi de vous accueillir aujourd’hui. Alors aujourd’hui j’ai un invité exceptionnel moi je suis vraiment hyper hyper heureux de recevoir Denis Fargeot qui va nous parler de yoga du son, qui va nous parler de l’ouverture de la voix, qui va nous parler de l’ouverture de la conscience, qui va nous parler de notions de dévotion. Alors voilà pour moi, Denis bienvenue dans cet entretien je suis vraiment ravi ravi ravi de t’accueillir ! Je précise avant qu’on commence qu’on a une relation qui est quand même particulière…

 

 

Denis : Dis pas tout Olivier…

 

 

Olivier : Oui je dis pas tout, c’est vrai. Déjà je vais dire que des trucs sympas donc c’est quand même une bonne manière de te lancer. Denis c’est avec toi que j’ai appris le yoga du son. Mais quand je dis ça j’ai l’impression de te dire qu’un truc superficiel.

En vérité, avec toi, j’ai découvert tellement plus de choses que le yoga du son. J’ai eu l’impression de découvrir ma voix, j’ai eu l’impression de découvrir qui j’étais en profondeur, j’ai eu l’impression de découvrir qui j’étais au delà de ce qu’il y avait à l’intérieur de moi, un truc beaucoup plus large que ça dans l’ouverture de ma de ma perception du monde, de ma conscience.

 

Donc ça a été une rencontre très très riche entre nous, en tous cas de mon côté je dirais et ça m’a évidemment énormément aidé dans ma vie et pour ça je te suis d’une une reconnaissance éternelle d’une profonde gratitude. Donc voilà c’est de tout ça que j’aimerais que tu nous parles aujourd’hui même si on a un temps limité tu ne vas pas pouvoir aller aussi loin que tout ce que tu racontes dans tes formations évidemment.

 

Je voudrais que tu nous parles un peu de cette notion de la voix et de la dimension sacrée aujourd’hui. Et pour te lancer sur ce sujet là, j’aimerai vraiment déjà savoir, parce que finalement c’est pas vraiment clair dans ma tête, de comment est-ce que tu es arrivé dans ce travail de voix ? Qu’est-ce qui t’a qu’est-ce qui t’a ouvert la porte qu’est-ce qui t’a donné envie de creuser ce sujet là ?

 

Denis : Déjà bonjour bonjour Olivier bonjour à tous merci pour ton accueil et pour pour ton introduction. Ce qui m’a amené à la dimension de la voix n’est pas la voix c’est le lien au sacré, c’est le lien à la dimension spirituelle.

 

Entre le moment de l’adolescence et mes 20 ans c’est quelque chose qui était très présent. Je me suis fait surprendre plusieurs fois par des chants de moine quand j’allais avec mes parents visiter des abbayes. Il y a deux trois fois j’ai entendu des chants de moines, et c’est venu me chercher direct à l’intérieur ! Et puis j’ai un souvenir assez fort aussi quand j’avais une vingtaine d’années j’étais avec ma copine de l’époque nous étions à Cancale le 15 août. Le 15 août il y a des chants à la Vierge qui se font devant des statues et il y a toute une histoire autour de ça que je ne connaissais pas et que je connais pas vraiment mais quand j’ai entendu ces chants ça m’a fait pleurer. Ça m’a fait pleurer direct et sans savoir exactement ce qui se passait en moi. Mais traversé par une dimension incroyable, traversé par une vibration… Mon cœur à ce moment-là et et fendu et il y a quelque chose qui se passe.

 

Et puis donc pour aller plus spécifiquement dans l’introduction du yoga du son. J’avais à peu près 25-26 ans quand je suis allé au Canada et j’ai entendu pour la première fois du chant harmonique. Avec quelqu’un qui le faisait avec beaucoup de profondeur et avec de l’amplitude. J’avais déjà entendu des moines mongole, j’avais déjà entendu des choses comme ça, mais là, ça s’est fait d’une certaine façon ou bling, c’est venu me traverser.

Voilà, mais je dirais qu’il y a toujours pour moi cette notion d’appel intérieur, d’aspiration, de connexion à la profondeur. Comme s’il y avait cette possibilité de passer à travers. Passer à travers la conscience ordinaire, passer à travers l’habituel, et à ce moment-là, comme si ces aspects habituels étaient mis de côté, il y a quelque chose de plus essentiel qui passait.

 

 

Olivier : Moi j’ai en tête, alors tu vas me peut-être me contredire, mais que tu viens d’une famille qui est très connectée à cette dimension du sacré, particulièrement dans la tradition chrétienne si je dis pas de bêtises. Est-ce que déjà tu me confirmes ça c’est une première chose ? Est-ce que tu penses que l’écoute des champs à la Vierge Marie, ça a comme reconnecté une forme de de réalité, quelque chose de tangible, de palpable ou qui est venu au cœur de cette notion de spiritualité au travers de la voix ? Est-ce que c’est comme ça que tu le dirais ?

 

 

Denis : Alors oui j’ai une famille qui est chrétienne, mes deux parents étaient chrétiens pratiquants et je pense qu’il y a une espèce de filiation. Souvent on parle des femmes qui transmettent à leur fille etc donc moi je parlerai du de mon père qui a transmis une sensibilité dévotionnelle.

 

Mon père avait un côté très secret, un côté très un côté taiseux, il disait pas grand-chose… Mais il y avait quelque chose qui passait d’une grande sensibilité, et un aspect même dévotionnel qu’il ne montrait pas, mais je crois qu’il y a un type de sensibilité qui est transmissible. Et je pense que ça se continue un petit peu avec avec mon fils, d’une autre d’une autre façon.

 

Donc il y a un creuset là-dessus chrétien, mais si j’entends des chants slaves, si j’entends des chants bouddhistes, si j’entends des chants sacré qui viennent me toucher, alors la tradition, le territoire à ce point explose, ça n’existe plus. Il ne reste plus que cette dimension qui vient me chercher. Je sais pas si ça répond à ta question ?

 

 

Olivier : ça répond en partie à ma question et c’est vrai que tu m’ouvres une autre porte, alors je fonce dedans. Une des choses qui m’a particulièrement marqué dans ton approche, c’est que je l’ai pas sentie limitée. Je sais pas quel mot utiliser, mais pour le dire de manière positive, je l’ai sentie très ouverte sur les connexions aux différentes traditions, à différents maîtres. Oui finalement d’une certaine manière, de reliance à ce qui résonne pour toi dans ton cœur plus qu’à t’affilier à une tradition, une manière de faire. On associe très souvent au yoga du son avec la tradition indienne. Ton approche elle est beaucoup plus large que ça. Est-ce que c’est quelque chose que tu as cherché ça ou est-ce que vraiment tu l’as laissé venir comme ça, comme ça venait ?

 

 

Denis : Je crois que j’ai d’abord eu une connexion à cette dimension christique parce que j’ai été éduqué dedans. Donc une affinité avec cette vibration christique. A 20 ans, et mon frère me l’a rappelé d’ailleurs récemment j’ai trouvé ça assez étonnant, il m’a dit « Mais Denis tu te rappelles ?  Un coup on est on était allé dans une librairie, et toi tu étais déterminé pour trouver un livre qui te correspondait bien » et je croyais que j’étais allé seul je me rappelais pas que j’étais avec mon frère. Mais c’est intéressant d’avoir ce témoignage, ça vient renforcer quelque chose.

 

Et donc, oui, c’était un ouvrage en lien avec les maîtres de l’Himalaya. Et cet ouvrage pour moi, même s’il y avait déjà des choses avant, a été un enclencheur un éveilleur et un connecteur à cette dimension de l’être dans sa connexion à l’essence, dans sa connexion à la béatitude, dans sa connexion à l’univers, et aussi je dirais à la magie.

 

Dans cet ouvrage, les maîtres de l’Himalaya, ça peut représenter des aides qui sont reliées à la tradition de l’Inde, du Tibet ou du Népal. Il y avait quelque chose dedans aussi de très christique, donc ça a forcément créé des ponts et des ouvertures. Du coup une des approches qui me parlait bien c’est cette notion de Christ intérieur. Que tout se faisait d’abord à l’intérieur. Et avec un appel à Dieu, mais qui dépasse la notion de religion.

 

 

Olivier : Voici une question très large qui est pas évidente comme ça en une phrase, mais je t’ouvre la porte et après tu vois comment ça vient. Qu’est-ce que c’est pour toi justement cette connexion au sacrée, cette ouverture à Dieu, cette ouverture de la conscience ? Quel mot tu mettrais dessus et comment tu le vis ? Comment tu le ressens toi ça ?

 

 

Denis : Alors cette période, j’avais entre 20 et 21 ans. Cette période a été très importante pour moi et j’avais envie de parler de ça à tout le monde, mais j’ai vite arrêté. Pendant quelques semaines ou quelques mois j’avais envie de parler de ça à tout le monde, voilà. Et puis il y a une personne à qui j’en ai parlé. Quand après je me suis retrouvé le soir dans ma chambre, je suis complètement monté en vibration. C’est monté, c’est monté, c’est monté, et jusqu’à ce que ça me conduise à une nuit d’illumination. J’étais plongé dans un état de de félicité-béatitude-océan-d’amour, même ma conscience avait complètement fondu et je me suis réveillé avec un un état d’extase luminescent. Pendant plusieurs jours ça a été présent.

 

Je crois à quelque chose en moi qui recherche ça. Depuis j’ai eu d’autres états de grâce, surtout ces dernières années, mais pas avec cette profondeur et cet espace. Donc je sens ces différents états de grâce, qui pour moi du coup, sont les vrais repères. Quand je fais appel à une lignée spirituelle, ou quand je fais appel à un maître je n’oublie pas que c’est pour me connecter à cette vraie dimension intérieure. Et c’est quand je connecte les états de grâce, que je réalise plus qui je suis que quand je suis dans les autres états de conscience.

 

 

Olivier : Et du coup, est-ce que déjà à cette époque là, tu avais trouvé une manière avec la voix de favoriser cette connexion là ? Ou c’était quelque chose de plus instinctif qui se qui se révélait en toi ?

 

 

Denis : Alors souvent ce que je dis, et c’est un peu étonnant parce que j’anime depuis 25 ans des sessions de yoga du son, que pour moi le son est secondaire. Que c’est un outil, c’est un vecteur, c’est un conducteur, c’est un facilitateur, un accélérateur. Je pourrais continuer la liste, mais c’est un facilitateur, un conducteur de quoi ? Et bien, un facilitateur, un conducteur de conscience pour rejoindre qui je suis, ou que les personnes puissent davantage rejoindre qui elles sont en passant à travers les différents étages de turbulences, de ressenti, de vérité intérieure.

 

 

Olivier : Effectivement c’est assez passionnant, et ce que ça fait naître dans ma tête c’est effectivement le fait que, en tous cas, le moment où moi j’ai découvert ta pratique, une des choses que j’ai aimé c’est que c’est très simple ! Alors, le prends pas comme un truc, je dis pas simpliste, j’ai pas dit ça, mais c’est très facile d’accès en fait ! Notamment je pense au chant des voyelles qui est presque accessible tout de suite, en fait ! Tout de suite tu peux, quand tu commences à chanter des voyelles, accéder à cette conscience intérieure et à cette ouverture. Potentiellement même à des états d’extase ou d’ouverture qui sont très très importants !

 

 

Denis : Oui alors, ce qui ce que je trouvais particulièrement parlant, dans le dans le chant des voyelles ou dans le chant harmonique, c’est que ça n’appartient pas à une une religion en particulier. C’est quelque chose d’universel. Et dans universel, il y a univers. Donc, à la fois la possibilité de connexion à l’univers intérieur, et à l’univers dans le sens de l’immensité. Avec la richesse du passage entre les voyelles, comme potentielles révélations de conscience de ce qui nous habite.
Plusieurs fois tu m’as parlé du CD la voix tibétaine que j’ai créé entre 2002 et 2003. Quand j’ai réalisé ce CD, j’avais vraiment l’intention – et donc on en revient à cette notion d’intention et de partage d’intention – j’avais l’intention qu’il puisse passer à travers les couches de conscience et aider les personnes à se reconnaître elle-même dans leur véritable vibration. Donc j’avais vraiment cette intention là. C’était pas seulement j’enregistre, je fais au mieux, et puis j’essaye de faire quelque chose de beau. Bien sûr qu’il y avait ça, parce que les premières fois où j’ai entendu ma voix, je me suis dis « ah c’est pas tout à fait ce que je croyais » ! Donc c’était un travail intérieur d’enregistrement, mais avec cette intention capitale pour moi que ça puisse révéler l’être dans sa lumière.

 

 

Olivier : Alors pour rebondir là dessus parce que effectivement, j’en ai pas parlé là, le CD la voix tibétaine, ce à quoi tu fais allusion, c’est en fait ma découverte personnelle avec le yoga du son. On m’a fait écouter un CD, j’étais en vacances je sais plus c’était il y a 15 ans peut-être. On m’a fait écouter ce CD là, de quelqu’un qui commençait à faire quelques cours avec toi et qui avait acheté ton cd la voix tibétaine. Et donc j’avais 20 ans, elle m’a fait écouter le CD en disant, bon, tu va trouver ça bizarre tu vas voir, c’est un mec qui fait des chants tibétains avec sa grosse voix là, tu vois c’est un peu bizarre, mais écoute moi j’aime bien.
Et en fait quand elle m’a fait écouter le CD j’ai eu l’impression d’être foudroyé ! J’ai pas mieux que cette image là ! J’ai eu l’impression, comme si ça venait réveiller quelque chose à l’intérieur de moi, qui était présent certainement avant, mais ça l’a mis complètement en lumière.

 

Et depuis ça m’a suivi, c’est toujours en lumière aujourd’hui. Donc quand tu parles de cette intention que tu as mis dedans, je pense que c’est vraiment ça qui m’a touché au plus profond, effectivement ! En suivant la formation avec toi, j’ai bien senti toutes les couches tous les niveaux d’intention que tu mets dans la pratique, et comment ça la rend opérative. Tu veux nous parler un peu de cette notion d’intention que tu mets dans ton travail de voix ?

 

 

Denis : Oui, déjà dans ce que tu dis de ton expérience, forcément ça résonne avec la mienne. Ce que je disais tout à l’heure avec le chant sacré, avec le chant harmonique, ce réveil intérieur. Je crois que, à cet endroit là, en tout cas c’est mon ressenti d’aujourd’hui, nous sommes dans la transmission du yoga. Pour moi le yoga, il est là. Il est dans un partage de résonance, et un partage d’être, un partage de vibrations. Et il va y avoir des affinités. Des affinités d’âmes, des affinités de trajet, des affinités sur plusieurs niveaux, éventuellement des affinités émotionnelles. Voilà, c’est ce que je voulais dire déjà par rapport à ce que tu viens de partager.

 

 

Olivier : Effectivement je reviens sur ma question. Je sais que dans tes pratiques tu as différents niveaux d’intention. Des intentions corporelles, ressenti corporel, émotionnel, spirituel, d’ouverture au sacrée etc. J’ai pas tant de questions que ça finalement!

 

 

Denis : Oui, je crois que c’est très important, je l’ai noté dans le livre que j’ai écrit en 2014. Je crois que j’ai commencé l’ouvrage par cette notion d’intention. Et les personnes qui viennent en stage, et tu le sais, quelque soit d’ailleurs la session, même si c’est la première session ou d’autres sessions d’approfondissement, je leur demande de partager et de clarifier leur intention.

 

Donc moi évidemment, je mets des intentions et je dis quelles intentions je mets dans les sessions. ça rejoint un peu tout ce que je viens de dire, mais je veux accompagner les personnes dans leur intention. Je vais avoir des personnes qui viennent plus pour un aspect physique, physiologique, ou pour un aspect émotionnel, ou pour un aspect énergétique, ou pour un aspect de connexion.

 

Donc effectivement ça va travailler sur les différents étages. Mais, même quand c’est un aspect physiologique ou un aspect émotionnel, derrière ça, va se trouver la plupart du temps des raisons plus profondes. Et moi je vais estimer que la guérison la plus profonde va se situer dans le lien avec l’âme. Dans le fait de rejoindre la vibration de l’âme.

 

 

Olivier : Et ça du coup, je sais que pour toi c’est un enjeu, dans ton enseignement, il y a quelque chose de très profond. Et les gens qui viennent te voir n’en ont pas toujours conscience, finalement c’est ce que tu dis là. Ils viennent pour des problématiques je dirais presque « de la vie de tous les jours » pas tout le monde évidemment. Mais certains simplement parce qu’ils ont une difficulté avec leur voix, ce genre de choses. Et très vite, ou pas toujours très vite, tu les amènes à connecter autre chose de plus profond. Comment tu fais pour les aider à libérer leur voix ? C’est une première chose, mais ensuite, à s’ouvrir à cette dimension sacrée qui est très très importante pour toi ?

 

 

Denis : Je crois que cette aspiration est là pour tout le monde. Parce que, nous venons dans cet espace temps avec une vraie dimension. Comme si le bébé ou l’enfant pouvait encore garder davantage d’empreintes de cette dimension là, ou de ce plan d’incarnation. Et puis après, tout ça se brouille au fur et à mesure.

 

On parle bien dans la tradition bouddhiste de conscience conditionnée. Moi je rajouterais la conscience brouillée. Donc il y a des espèces de brouillage, des voiles, des conditionnements, des jugements de toutes sortes qui se qui se mettent sur notre vibration essentielle, qui recouvrent ça. Mais avec un grand espoir, et pourquoi pas une motivation, que les pratiques, ou l’état d’esprit, vont aider à passer à travers tout ça pour activer, pour révéler cette vraie dimension. Je crois que tous les êtres sont pas si loin que ça de leur véritable dimension, mais qu’ils ont besoin de trouver leur propre accès. Du coup le son, associé à l’intention, peut être super efficace.

 

 

[Extrait musical du CD « Eveil de Cristal » réalisé par Denis Fargeot]

 

 

Olivier : Entièrement d’accord avec toi, et en même temps, j’amène une nuance là-dessus qui est que cette connexion, ce passage au travers des couches est, 1/ pas toujours confortable et 2/ réveille parfois des vieux démons, des vieilles peurs, des vieilles inquiétudes. Tu sais une espèces de dissolution, mais si je suis plus moi, je suis qui ? Il reste qui ? J’ai un peu peur de me perdre là-dedans, dans cette espèce de dilatation de la conscience.

 

Je sais que moi j’ai vécu ça, et j’ai évidemment vu beaucoup de gens se refermer à cause de ça et pas oser aller dans le travail à cause de ça. Ce que j’ai apprécié aussi de ta posture d’accompagnant c’est toute cette capacité d’écoute y compris dans ces couches un peu plus troubles. C’est quoi ton expérience par rapport à ça et comment tu fais pour accompagner les gens justement à rentrer là-dedans ?

 

 

Denis : Déjà, je trouve cette question hyper pertinente, parce que là je trouve que nous sommes au cœur du sujet. Au cœur du sujet de l’accompagnement, de l’accompagnement intérieur, de l’auto accompagnement. J’associe souvent la notion de présence émotionnelle à un accès à la présence dévotionnelle. Donc la notion d’accompagner, c’est d’apprendre déjà à accueillir ces émotions accueillir les blessures. Et plutôt que ce soit un écueil ou une gêne, en faire un passage pour aller dans la vérité de la sensibilité de chacun d’entre nous.

 

Cette sensibilité chez moi, chez toi, chez chacun des autres, va être différente. Il va y avoir des ressemblances, des aspects qui sont semblables, mais il y a toujours de la différence. Donc pouvoir accueillir ou apprendre aux participants à accueillir ces émotions et ses émotions particulières.

 

Pour moi dans mon cheminement c’était quelque chose de très fort, parce que je me qualifie comme un hyper émotif souvent on dit hypersensible. Je rajoute à l’hypersensible l’hyper émotif. Et je peux vite être en moi en lien avec la détresse, avec le désespoir. J’apprends à accueillir ça pour que ça m’ouvre à l’espace, que ça m’ouvre au fait de m’en remettre à plus grand. A ce moment là, je le vois ça devient un passage dévotionnel.

 

Est-ce que c’est facile ? Non. Souvent je dis aux participants, que j’ai une hygiène quotidienne de gérer cet émotionnel, cette émotivité. Je fais des pratiques quotidiennes de plusieurs heures avec cette notion d’équilibrage, de centrage, d’appel des guides, et de reliance à ma vraie dimension.

 

Olivier : Tu disais tout à l’heure que tes expériences dévotionnelles s’étaient amplifiées. Tu n’as pas utilisé ce terme-là, en tout cas, tu avais l’impression de te rapprocher de ça ces dernières années. Est-ce que ça va avec une forme de déstabilisation de la sécurité émotionnelle, matérielle que tu aurais pu mettre en place au cours de ta vie ? Est-ce que tu associes en fait les deux notions l’une avec l’autre ?

 

 

Denis : Merci pour pour tes questions qui sont bien ciblées. J’espère que ça va résonner pour les personnes qui vont écouter tout ça. Pour moi tout ce que nous vivons, tout ce que je vis, et quand j’accompagne les personnes, tout ce qu’elles vivent, ce sont des stimulations. Je dirais que je suis bien stimulé. J’ai vécu ces dernières années des stimulations qui étaient fortes. Donc en termes de changement de vie, en termes d’inconfort, ou en tout cas de perspective d’inconfort.

 

Tu parles d’insécurité. C’est comme si ça venait me dire « maintenant tu peux plus reculer », « maintenant tu vas aller vraiment dans les dans les pratiques ». Alors tu sais je fais depuis quelques années des sessions initiatiques en lien avec des pratiques du Dr Lefébure, des pratiques de Kriya yoga, ou par extension aussi, ça inclut des pratiques bouddhistes. Et j’amène tout ça à l’intérieur.

 

J’ai toujours cette idée que je peux partager les pratiques à l’extérieur si je les ai beaucoup expérimentés. Et donc depuis 2015, cette fameuse décision « maintenant ça suffit, j’y vais, je vais vraiment dans ma véritable dimension, et je me donne les moyens ». J’y vais et je me donne les moyens. Donc j’accompagne mon émotivité, ma fragilité, je m’occupe avec vérité de toute cette dimension psychologique intérieure. Et j’applique des pratiques poussées, des pratiques qui vont loin, des combinaisons de pratique qui vont m’aider à tout ça pour que ça puisse travailler sur tous les étages.

 

Du coup quand j’ai une expérience initiatique, ou un état de grâce qui inclut d’autres plans, je peux dire quelles sont les pratiques qui ont pu le plus favoriser ça. Alors il y a le son, il y a la respiration, puis il y a d’autres pratiques associées que j’évoque dans les partages initiatiques.

 

 

Olivier : Oui, merci merci Denis de partager tout ça effectivement. Et tu vois j’ai aucun doute sur le fait que ça résonne pour beaucoup de gens. Particulièrement dans cette période, ces quelques dernières années qui ont été quand même hyper déstabilisantes à l’échelle de la société. Qui ont amené beaucoup de de personnes à se poser des questions sur leur conscience, sur qui elles étaient vraiment, de trouver des solutions, comme tu le dis, quotidiennes pour accueillir sa sensibilité et en faire quelque chose de constructif.
En tout cas dans le cheminement vers la conscience, c’est une autre paire de manches qui est pas toujours facile à franchir. Est-ce que tu aurais, je sais pas si le mot conseil est bon, là je reviens sur un truc un peu plus terre à terre, mais comment est-ce que tu pourrais conseiller quelqu’un qui a envie de se lancer justement, qui a besoin de se recentrer comme ça au quotidien, qui a envie d’utiliser sa voix, qui a envie de respirer ? Qu’est-ce qui pourrait l’aider à cheminer là dedans ?

 

 

Denis : Il y a la réponse dans ta question. C’est l’écoute de cette sensibilité, laisser vivre cette sensibilité et apprendre à l’accompagner. Je disais tout à l’heure, ça fait 25 ans que je fais de l’accompagnement. Évidemment, le Denis d’aujourd’hui et le Denis d’il y a 25 ans, il a évolué. Souvent je dis aux personnes, parce qu’il y en a qui avec lesquelles je suis depuis 10, 15, 20 ans ! Je leur dis, mais on avance ensemble. Nous sommes ensemble. Ils m’ont connu il y a 15-20 ans ils me connaissent aujourd’hui, mais moi pareil, je les vois aujourd’hui.

 

Il y a, je crois un des mots principaux, cette notion d’accueil. J’apprends à accueillir, à accompagner ça. Si je fais du son quelle intention je vais mettre dans le son ? Peut-être la présence à mon axe si j’ai besoin de me recentrer. Présence à mon axe. Peut-être la présence à mon hara. Si j’ai besoin de me délivrer des saturations des oppressions, l’ouverture à l’espace etc. donc partir de la vérité de ce qui est senti, connecter le besoin.

 

J’invente rien, on va retrouver ça dans toutes les méthodes comme la CNV ou d’autres méthodes qui permettent de connecter le besoin. Déjà le sentiment, quel sentiment j’ai en moi ? Quelles émotions sont en vérité présentes aujourd’hui ? Comment je m’en occupe ? Et par moment j’ai vu dans certaines voies. Peut-être que ce sont des voies différentes mais elles ne s’apparentent pas à ce que je propose. Si l’émotion est dérangeante, je la met un peu de côté où je me dis « de toute façon toutes les pratiques vont les faire disparaître ou les solutionner ». Je sens que ça ne fonctionne pas pour moi, donc je préfère aller dans la vérité de ces émotions, de ces mémoires. M’en occuper et donner de la perspective à ces aspects-là qui sont à l’intérieur. C’est pour ça que je conseillerais aux participants de venir s’occuper de ça. De rester à l’écoute. D’arrêter de mettre de côté des choses qui ont été de côté depuis longtemps.

 

 

Olivier : Alors merci effectivement pour ça, parce que du coup, ça apporte un côté concret du quotidien. Je pense que, être assailli par des émotions et des besoins sous-jacents – tu parlais de CNV tout à l’heure, je traduis éventuellement pour ceux qui connaissent pas, c’est la Communication NonViolente – donc cette notion d’avoir des émotions qui sont je dirais la partie émergée de l’iceberg. Quand on descend sous la surface on trouve le besoin intérieur qui est non assouvi. Et donc, répondre à ce besoin, généralement soi-même et éventuellement en faisant des demandes aux autres, aide à solutionner l’émotion au dessus.

 

Là on est descendu terre à terre, pour remonter sur l’axe en direction du ciel, il y a une autre notion dont tu parles beaucoup que tu as un tout petit peu évoqué tout à l’heure, qui est la notion de s’en remettre à plus grand. J’aimerais que tu nous parles de ça. Et juste pour spécifier un peu, dans l’univers du développement personnel, de la spiritualité, il y a une notion de de guide intérieur, de s’en remettre à ses guides de lumière qui revient souvent. J’ai le sentiment que tu l’abordes un petit peu différemment, avec plutôt une connexion à des lignées. Des lignées soit de maîtres physique, soit d’icônes ou d’images. Est-ce que tu veux bien nous parler de ça s’il te plaît ?

 

Denis : Je vais essayer, c’est pas évident, mais oui. Là on touche le précieux. Alors c’est vrai, à plusieurs moments j’ai dit à Olivier que pour moi c’est pas toujours facile, parce que même quand je suis dans les groupes, j’avertis les gens que c’est pas toujours facile parce que c’est une vraie intimité intérieure. Je partage une intimité, je partage une intimité sacrée dans ces reliances là.

 

Donc oui, j’ai plusieurs lignées auxquelles je suis relié. Il y a la lignée Bön qui est très importante. Donc j’ai des enseignements Dzogchen Bön depuis à peu près 1998 et qui font résonance avec les connexions au maître de l’Himalaya que j’ai eu plus jeune. Quand j’ai vu la première fois le Löpen, le vénérable Löpen Tenzin Namdak qui donnait un enseignement, c’était à Paris. Quand je l’ai vu je me suis dit, mais il me dit quelque chose. Et je me suis rendu compte que j’avais rêvé à lui la nuit d’avant. Donc il y avait déjà eu une connexion. Et il est venu me voir plusieurs fois en rêve dans des moments clés et Tenzin Wengyal aussi, de cette tradition Bön. Donc ça c’est une des lignées.

 

Une autre tradition qui est très importante pour moi j’en ai parlé tout à l’heure c’est la tradition chrétienne. Il y a des figures auxquelles je suis relié. Il y a l’abbé Pierre qui me touche beaucoup. Je me sens très relié au curé d’Ars. Je vais régulièrement à Ars me recueillir parce que quand je vais au petit village d’Ars, pas loin de Villefranche sur Saône, j’ai l’impression que toute mon énergie est remise à zéro. Comme une connexion. Où que j’aille dans ce village, je me dis « mais le curé d’Ars est là » ; et il y a une châsse où on voit son corps. Il fait partie des corps incorruptibles. Donc j’ai plusieurs, comme ça, reliances dans la tradition chrétienne, donc celle-là ça fait deux lignées.

 

Et il y a la lignée du kriya yoga. En reliance, pour ceux qui connaissent pas, avec l’ouvrage « autobiographie d’un yogi » où je suis connecté à Yogananda. Il est venu me visiter dans un rêve, c’était quelque chose de très puissant. Et je peux dire pareil pour Sri Yukteswar. Et puis il y a quelques mois, j’ai été visité par Lahiri Mahasaya qui m’a parlé, qui m’a dit des mots propres, j’étais en état dévotionnel. Donc des choses qui sont hyper puissantes en moi qui sont très très fortes.

 

Des fois je parle de ces reliance et de ces visites, et j’ai des personnes qui me disent « tu as de la chance »! Je dis ouais, mais est-ce que vous imaginez combien de temps j’ai prié et par moments combien j’ai supplié ces êtres là de m’aider ?

 

Pour moi il y a vraiment cette notion de si je suis dans un état de ravissement ou de béatitude, j’ai besoin de rien ni personne parce que tout est là. Il y a une présence absolument merveilleuse qui est là. Mais les autres moments, quand je ne suis pas dans ces états de grâce, je ressens ce besoin de me connecter à des êtres qui sont libérés. A des êtres sublimes qui connaissent tout le parcours humain et qui sont libérés.

 

Alors c’est pour ça que j’ai besoin de ces lignées profondes et millénaires, parce que je sais que c’est sérieux, je sais que c’est pas une création de Pierre Paul Jacques, je sais pas où. Je sais qu’il y a des lignées d’êtres éveillés, d’êtres réalisés, d’êtres libérés qui ont une grande puissance de partage. Qui ont une grande puissance d’apport, en tout cas c’est comme ça que je le sens au fil des années.

 

Et c’est vrai que ces dernières années je me rends compte de l’importance « de m’en remettre à ». « M’en remettre à » c’est pour moi « J’ai conscience que je suis limité, j’ai conscience que je suis emprisonné d’une certaine façon et que j’ai besoin d’ouvrir cet espace. Même par moment d’offrir ça pour que ça passe à un autre niveau. Et j’ai conscience aussi que ça peut être un travail de fourmis. » Voilà, donc là, j’ai parlé de trois lignées.

 

Il y a aussi la lignée bouddhiste Nyingma qui contient tous les enseignements Dzogchen de Namkhaï Norbu. J’ai eu des connexions intérieures très fortes aussi avec cette lignée, et vraiment pour moi, parler de ces lignées, ça ne peut que me donner envie de rendre grâce. Je rends grâce à ces êtres précieux qui habitent ces lignées, je rends grâce à ces enseignements absolument d’une préciosité incroyable.

 

Voilà, et je rajouterais à ces quatre lignées, la lignée shintoïste qui contient qui est relié au Kotodama et qui est relié pour moi au Seigneur des éléments. Très souvent, quand je fais des lignes de son, je me relis au Seigneur des éléments, je me relis à Ueshiba ô sensei.

 

Dans la majorité des pratiques je fais des appels. Je fais des appels de guide et de lignée pour que ça puisse m’aider personnellement. Et quand je suis en groupe, aussi, que ça puisse aider les autres. Je pourrais en dire davantage là dessus mais je crois que c’est déjà pas mal.

 

 

Olivier : L’image qui me vient quand je t’écoute parler de ça et quand je visualise un peu le cheminement notre entretien, tu vas me dire si ça te convient comme image, mais j’ai cette sensation que

 

ça parle du cœur, de se laisser toucher, de se mettre en résonance et d’avoir à un moment quelque chose qui vient fendre l’armure. Et ça, ça touche au niveau du cœur la vibration, ça peut être la voix, ça peut être une image peu importe, mais il y a quelque chose qui touche en plein cœur.

 

Et ensuite le travail tel que tu as l’air de le présenter là, c’est de

 

rester connecté à la vie sur terre, à la matière, aux états de conscience ordinaire de tous les jours. En entrant dans sa sensibilité, en entrant dans ses émotions, en répondant à ses propres besoins, en ayant une connaissance finalement de ce qui est un peu bouillonnant à l’intérieur de nous en tant qu’être humain et qui nous touche à peu près tous.

 

Et que, en même temps,

 

sur ce fil là, il y a cette notion de s’en remettre à plus grand parce que tu as finalement la sensation de ne pas avoir complètement toutes les clés pour te sortir de cet état là. Et donc de te relier à des maîtres qui ont fait ce cheminement pour qu’ils t’aident à prendre de la hauteur et à atteindre cette expérience où finalement tout devient limpide et à sa juste place.

 

Est-ce que cette image te convient Denis ?

 

 

Denis : Oui carrément, parce que là tu parles du cœur, tu parles de la sensibilité de l’être qui n’appartient à aucune tradition et qui est juste une connexion à l’être, à l’âme. On l’appelle à notre essence, on l’appelle comme on veut. Et c’est vrai qu’à partir de là, la connexion peut se mettre en place.

 

Par moment ce qui peut m’empêcher ou ce qui peut nous empêcher, ce sont les systèmes de défense, refuser que ça se fende, avoir peur de sa propre sensibilité, de cette profondeur de sensibilité. D’où l’importance du temps d’accueillir ça, d’apprendre à accueillir ça. Et là je pensais à un enseignant que j’ai mis à distance pendant pas mal d’années. Je ne peux que conseiller sa sagesse, c’est Ramana Maharshi. Une des qualités de Ramana Maharshi, c’est la connexion au Soi.

 

Toujours, il va revenir sur la connexion en soi. Il va nous rappeler « Qui dit ça, quel est ce – je – qui dit ça ? ». Et je parle de Ramana Maharshi parce que je mets en avant la reliance aux lignées spirituelles. Or lui, c’est presque un peu l’inverse. Il va dire « Mais tout est en vous, le gourou c’est le gourou intérieur. Le maître, c’est le maître intérieur. Et quel que soit le gourou, le maître que vous voyez à l’extérieur, il n’est qu’un reflet de votre propre maître intérieur. ». Son enseignement est très très précieux.

 

Quand je vois certaines personnes qui ont peur de la religion, qui ont mêmes peur de la dévotion, je leur dit renseigne-toi sur Ramana Maharshi. Et là aussi je rends grâce à ce type de d’enseignant, de maître. C’est quelqu’un qui s’est libéré en quelques instants à l’âge de 16 ans parce qu’il est vraiment allé à l’intérieur de lui. Voilà d’autres propositions qui vont aussi dans le sens de ce que tu viens de proposer.

 

 

Olivier : Alors c’est amusant parce que quand on parle avec toi Denis, on essaye de parler de la voix et en fait tu ramènes toujours à plus profond que la voix. Et je suis très heureux de ça, parce que je trouve que tu donnes justement cette notion de remettre la voix et la vibration à sa juste place, qui est un outil, qui est une manière de connecter autre chose de plus précieux finalement qui est au plus profond de soi.

 

Je voudrais tout de même, parce qu’on va arriver au bout bientôt de cette entretien, te ramener une dernière fois sur la voix. Je vais te poser deux questions en une. La première question est : est-ce que tu penses que finalement tout type de chant, tout type de travail de la voix, de vocalises, de respiration, peu importe peut nous amener dans cette connexion sensible dont tu parles ? Ça c’est la première question.

 

Et la deuxième question subsidiaire c’est : est-ce qu’il y a une qualité particulière à mettre dans sa pratique ? Tu vois un conseil à donner aux gens, une qualité particulière à mettre, quel que soit leur pratique de chant ? Ou un état d’esprit à avoir qui permettrait de transformer – j’oriente un peu ta réponse, pardon – de transformer un chant performance en un chant qui vient relier au cœur ?

 

 

Denis : Alors je suis quand même – parce que même si souvent je reviens à autre chose que la voix – je suis quand même un passionné de la voix. Et je suis impressionné de rejoindre la voix / voie intérieure. Je vais partager une expérience que j’ai eu la nuit du Wesak. C’était il y a quelques mois. Avant Wesak, je m’étais dit « je veux vraiment pratiquer à la fois la dimension christique et la dimension bouddhiste ». Et j’ai beaucoup travaillé la voix, du coup.

 

Donc je faisais un mantra bouddhiste que j’ai beaucoup beaucoup répété. Et je faisais aussi un mantra je me suis créé en lien avec la tradition chrétienne. Souvent ce que je propose aux participants c’est de ressentir leur voix dans le corps et dans l’axe, plutôt que de chercher à produire un son. C’est déjà pas du tout la même posture. Rejoindre la profondeur.

 

Je dis tout ça parce que bon j’étais dans une combinaison de pratique comme je disais tout à l’heure et la nuit, j’ai vécu une expérience assez fabuleuse. J’étais avec un groupe comme souvent, et je sentais que mon corps avait de la légèreté. A ce moment là, quand il se passe ça dans le rêve, je dis « mais est-ce que je serais pas en train de rêver ? » et donc je suis entré en rêve lucide. Quand je rentre en rêve lucide à ce moment là je me laisse léviter. Donc je suis entré en lévitation. Je me suis installé dans la lévitation, et à partir de cette lévitation je suis entré en état de ravissement. J’étais vraiment en état de béatitude ravissement. J’étais en lien avec l’espace, avec la clarté c’était absolument le mirifique.

 

Et il s’est passé quelque chose d’assez particulier dans cette expérience, c’est que ma pensée était voix. Et ma voix était corps. Les trois étaient complètement ensemble.

 

Et je sens combien c’est relié à cet entraînement de la voix-conscience. Comment cette voix imprégnée de dévotion, cette voix imprégnée de connexions, peut s’imprégner dans l’axe, dans le corporel et dans le cellulaire. Autre exemple d’utilisation de la voix parce que souvent il y a cette notion de Hatha yoga, de Kriya Yoga, de Kundalini Yoga, de yoga du son, ou plein d’autres yoga.

 

En réalité, pour moi tout ça ne fait qu’un. Le yoga c’est quoi ? C’est une unification, c’est une union. Une union avec soi, avec l’univers. A plusieurs reprises j’ai fait l’expérience, je dirais, de la voix-Kundalini. Donc de la voix-respiration-Kundalini. Comme si tout ça ne faisait qu’un. Le terme que j’utiliserai, c’est jubilation extatique. Cette présence à l’axe, et pouvoir être en lien avec plusieurs plans à la fois.

 

Donc ce que j’ai envie de dire, pour moi, là où j’en suis dans ce que peut contenir la voix. Donc le lien à l’axe, le lien au cœur, l’ouverture à la guidance. Tu vois, là j’utilise pas le terme guide. L’ouverture à la guidance de l’être pour que cette voix puisse me mettre dans la voie, le canal précieux de l’être.

 

 

Olivier : Avec une dimension très corporelle, on le voit dans ta gestuelle.

 

 

Denis : Très corporelle! Et puis c’est vrai que moi un des trucs que je me mets tous les jours, c’est vraiment d’inscrire tout ça dans le sensoriel. Autre pratique je peux conseiller souvent aux personnes qui disent « mais moi j’ai pas le temps » : la marche. La marche avec des répétitions de formule parce que ça va s’inscrire dans le corps. Ou des répétitions de mantras parce que ça va s’inscrire dans le corps.

 

 

Olivier : Ok très bien Denis, on arrive au bout de cet entretien. Tu veux bien qu’on continue après? Nous on coupe l’enregistrement, on continue encore trois heures, comme ça! Je vais pouvoir t’écouter comme ça avec plaisir pendant des heures ! Merci Denis de tout ce que tu as partagé là ! C’est fou parce que j’ai l’impression que tu es rentré très très dans la profondeur de ce travail de voix. Mais tu as élargi tellement plus que je ne sais même pas si ça peut parler de travail de la voix. La voix est juste le point d’entrée pour passer dans le corps, pour toucher le cœur, pour toucher l’axe, pour toucher la sensibilité, pour s’ouvrir à plus grand. C’est tout un cheminement que tu proposes là, et qui est évidemment avec une infinité déjà, de portes à chaque fois, et de terrains d’exploration qui sont gigantesques ! Donc merci Denis pour tout ça, merci !

 

 

Denis : Finalement un petit rajout pour terminer, une petite formule que je rajoute à chacune des pratiques que je fais personnelle ou en groupe depuis des années, c’est «  Et que ceci puisse bénéficier à la multitude des êtres ». Dans cette notion de reliance dans cette dimension et dans les autres dimensions. Ce qui permet aussi de prendre du recul par rapport au personnage qui s’expérimente et d’ouvrir à l’espace de la multitude des êtres.

 

 

Olivier : Très bien Denis. Merci pour ce rajout qui en plus me tend la perche, parce que je peux le préciser maintenant peut-être, c’était pas une évidence pour toi de venir faire cet entretien. Parce que je sais que ça chahute pas mal de trucs à l’intérieur de toi, et c’est pas facile tu l’as dit de parler de cette forme de sensibilité profonde. Donc merci d’autant plus d’avoir accepté. Et pour faire le lien avec cette notion que ça profite à tous les êtres, je suis très heureux, moi, que tu puisses partager ta vision de ce travail de yoga du son au sens très large. Parce que ça va en inspirer d’autres sur comment mettre justement plus de sens, plus de profondeur, plus de conscience dans cette approche de la voix. Donc merci d’avoir partagé tout ce tout ce qui t’habites, Denis, au travers de cet entretien.

 

 

Denis : merci mon cher Olivier

 

 

[Musique extrait du CD « La voix tibétaine » réalisée par Denis Fargeot ]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *